Le 17 avril 2012, le scientifique international Pim Arntzen nous a honoré de sa présence au château de Bourgon et a fait un relevé des espèces de tritons présentes dans le bassin restauré des douves.

Pim Arntzen et ses assistants

Pim Arntzen et ses assistants

Les filets sont relevés et les espèces présentes sont nombreuses : tritons palmés, marbrés,  crêtés et… l’hybride!, rarissime, issu d’un croisement entre le triton marbré & crêté. Triton dit de Blasius ou Trouessart selon que la femelle soit marbrée ou crêtée.

Comment les reconnaître?

Tritons palmé, crêté et marbré

Tritons palmé, crêté et marbré

Le plus petit est un triton palmé, le moyen est un triton marbré mâle et le plus grand un triton crêté femelle.

Le triton palmé, le plus courant :

Jeune triton palmé

Jeune triton palmé

Ventre de triton palmé, mâle

Ventre de triton palmé, mâle

 

 

 

 

 

Le triton marbré, noir et vert, beaucoup moins courant.

Triton marbré, femelle (ligne orange continue)

Triton marbré, femelle (ligne orange continue)

Triton marbré mâle, ligne dorsale en pointillés

Triton marbré, mâle (ligne dorsale en pointillés)

Ventre du triton marbré

Ventre du triton marbré

Triturus marmoratus mesure entre 120 et 150 mm, ce qui en fait un triton de grande taille pour une espèce européenne. Les femelles sont un peu plus grandes que les mâles. Son corps est relativement trapu, avec des pattes massives et une large tête. Sa queue est assez longue et aplatie verticalement.

La couleur de base est le noir, marbré de taches jaunes, surtout le long du dos et de la queue et sur les flancs. Les femelles présentent une ligne rouge-orangée le long de la colonne vertébrale. Cette ligne est pointillée de noir chez le mâle et se transforme en crête durant la période de reproduction. Au niveau européen, le Triton marbré figure à l’annexe 4 de la directive Habitats et à l’annexe 3 de la Convention de Berne. Ces annexes donnent les listes des espèces animales strictement protégées. Au niveau national, il est classé parmi les espèces vulnérables dans le livre rouge des vertébrés de France.

Le triton crêté, tout aussi rare :

Triton crêté femelle, triton marbré mâle

Triton crêté mâle

Triton crêté mâle

 

 

 

 

 

Ventre du triton crêté

Ventre du triton crêté

Le Triton crêté est le plus grand des Tritons. Le Triton crêté a un dos très sombre gris noir, ponctué de noir et de petites granules blanches. Son ventre est jaune vif, jaune-orangé ou orange tacheté de gros points noirs. C’est le plus grand Triton de notre région, puisqu’il atteint 15 cm de long (18 cm pour les femelles). Sa tête est aussi longue que large, le museau est arrondi, la queue fortement comprimée se termine en pointe. La peau verruqueuse est noire sur le dos, alors que les flancs sont piquetés de petits points blancs. Le ventre est rouge orangé avec des taches noires. Les membrres sont assez allongés, les doigts sont allongés et libres. La peau est verruqueuse, humide même à terre.  Le mâle a un dos grisâtre, brunâtre, bleu-noir avec des taches plus sombres, et un ventre jaune ou jaune-orangé, avec de grosses taches noires. Sa gorge est gris-noir, ponctuée de blanc.  Au printemps, le mâle a une haute crête dentelée en scie. La femelle (un peu plus grosse) a un dos grisâtre, brunâtre, bleu-noir avec des taches plus sombres et un ventre jaune-orangé ornée de grandes taches noires. Le sillon dorsal est parfois jaune.

La raréfaction importante du Triton crêté en France ces trente dernières années est due à de multiples facteurs : le remembrement agricole, l’urbanisation des plaines, l’aménagement routier, la pollution des eaux, l’abaissement des nappes phréatiques ainsi que le comblement des mares et leur artificialisation en zones de pêche. Les tentatives de déplacement des populations, suite à des projets d’aménagement par exemple, se sont le plus souvent soldées par des échecs. Seule la préservation de leurs habitats originels permet aux Tritons crêtés de garantir leur survie. Le Triton crêté est protégé en France par l’arrêté du 22 juillet 1993 (article 1), par la directive habitats (annexes II-IV), par la convention de Berne (annexe II). Cette espèce, quasi menacée dans le monde, est considérée comme vulnérable en France.

  • Et le triton hybride dit de Blasius, à quoi ressemble t’il ?

Triton hybride

Triton hybride

Pim Arntzen et triton hybride

Pim Arntzen et le triton hybride

 

 

 

 

 

Ventre du triton hybride

Ventre du triton hybride

Le Triton de Blasius présente une morphologie assez intermédiaire entre celles des espèces parentales. A l’âge adulte, c’est un triton de grande taille, mesurant entre 130 et 180 mm. La face supérieure du corps est noir verdâtre. La face inférieure est plus ou moins jaunâtre, tachée de noirâtre, avec une fine ponctuation blanchâtre1. Ses couleurs sont plus ternes, et ses dessins plus flous que les deux espèces dont il est issu. La crête du mâle est bien dressée, plus grande que celle du Triton marbré, mais plus courte et plus rigide que celle du Triton à crête. Elle est souvent bien dentelée. Le Triton de Blasius est protégé au niveau national. Il figure dans la liste des espèces (bien qu’il ne soit pas une espèce mais un hybride) visées par l’article 3 de l’Arrêté du 19 novembre 2007.

Et dernière surprise !

Une larve de crapaud accoucheur ou alyte.

Tétard de crapaud accoucheur

Tétard de crapaud accoucheur

Le crapaud accoucheur est un petit animal au teint terreux mesurant moins de 5 cm de long. Doté de magnifiques yeux dorés à la pupille verticale, il a le corps trapu et très pustuleux.

Il affectionne les lieux humides et frais : le dessous des pierres, les trous dans les vieux murs, les gravières à proximité de points d’eau. Dans notre région on le retrouve plus particulièrement dans les zones de moyenne montagne (Cévennes), mais aussi dans les vallées, les causses et même les lieux urbanisés. C’est à la mi-mars qu’il regagne son poste de chant (une pierre, une touffe d’herbe) et manifeste sa présence par un son bref et flûté très sonore, un « tüt » mélancolique et doux répété 20 à 40 fois par minute. Il chante la bouche close : c’est une bulle d’air gobée au préalable qui crée le son en passant de la poitrine au larynx et inversement.
C’est l’époque où la femelle part à la recherche d’un mâle : l’accouplement commence sitôt le couple formé. Le mâle saisit la femelle par la taille et, à l’aide de ses longs orteils, lui masse le ventre pendant une demi-heure pour favoriser l’expulsion des 30 à 40 ovules qui seront immédiatement fécondés. Avant que la masse visqueuse des oeufs ne se solidifie, le mâle y plonge alternativement ses pattes postérieures afin de fixer l’ensemble autour de ses chevilles. Ce comportement lui a valu d’être également nommé « Alyte » (alutos en grec signifie enchaîné).

Mari modèle, il gardera cette ponte sur lui plus de trois semaines, et restera sans manger plus de vingt jours dans une cache où les conditions idéales de maturation des oeufs (température et humidité) seront réunies. Ensuite, il libèrera les oeufs dans une mare qu’il aura choisie, en général celle où il est né ; sous l’effet de l’eau les oeufs écloront expulsant des têtards vigoureux et carnivores. Au total, le mâle adulte ne passe guère plus de six à sept heures dans l’eau chaque année, et la femelle pas une minute ! Trois ou quatre mois plus tard, de jeunes « crapelets » émergeront de leur mare natale (ceux qui ont éclos en plein été ne se métamorphoseront que l’année suivante).